22 mars 2009

Le vide peut être comblé, alors que le choc est irrémédiable.

"J’ai malheureusement constaté que les cultures musicales d’Asie Centrale étaient en perdition.
Non seulement leur mémoire se perdait, mais les schémas musicaux imposés de l’extérieur, souvent avec des arrières pensées politiques, étaient en passe de créer une uniformité, une grisaille culturelle.
Ces processus ont conduit, dans le domaine de la musique, mais comme dans bien d’autres, à une perte d’identité.
(...)
Dans un monde qui se dit globalisé, certains peuvent trouver normal, voire souhaitable, une uniformisation des cultures.
Je crois pour ma part que les repères identitaires culturels de la personne et du groupe sont la source d’une force intérieure propice à des relations apaisées.
Je crois également à la force de la pluralité, sans laquelle aucun échange ne peut avoir lieu.
Cette notion fait pour moi partie intégrante de la définition même d’une réelle qualité de vie.
(...)
Je suis très soucieux du vide qui sépare les cultures.
Ce vide n’est cependant pas ce que l’on appelle à tort le choc des civilisations.
Le vide est tout aussi dangereux potentiellement qu’un choc, car l’ignorance de l’autre et la méconnaissance de la richesse que constitue la pluralité peuvent déboucher sur le mépris, la haine et la guerre.
Le vide cependant peut être comblé, alors que le choc est irrémédiable.
Ce vide nous en avons éminemment conscience et c’est la raison profonde pour laquelle nous agissons.
La culture n’est décidément ni un simple complément, ni un luxe.
CQFD.
Je vous remercie."

Discours de Son Altesse l'Aga Khan au Forum d'Avignon : "La valeur et l'importance de la diversité culturelle et son rôle en faveur de la paix et du développement"
16 Novembre 2008